Sim

Publié le par Betty Faivre

Grosse tête et fine gueule


Sim, qui est mort hier à 83 ans, aura amusé des générations entières de Français.

Quoi sa gueule, qu'est-ce qu'elle avait sa gueule ? C'est vrai qu'elle était drôle, quand même, la gueule de Sim, qui est mort hier d'une embolie à Saint-Raphaël. Il en avait même fait son outil de travail, de cette gueule, «un fonds de commerce possible», un visage élastique rendant possible toutes les grimaces, la peau en accordéon, des yeux qui roulent.

C'est parce qu'il avait cette gueule pas commune qu'il avait créé un personnage, baptisé «La baronne Adélaïde de la Tronche en Biais», portant robe, perruque et chapeau. «On ne devient pas comique, c'est inné. Ensuite, il faut exploiter ses dons en travaillant et avoir de la chance pour en faire son métier», estimait Sim, qui avait même titré son autobiographie : «Elle est chouette ma gueule».


Physique de jockey

 

Né «sous une étoile farceuse», Simon Berryer (son nom en entier ) aura «ramé» pendant bien des années avant de devenir «vedette». Petit bonhomme, maigrichon, crâne dégarni de bonne heure, le «vilain petit canard» au physique de jockey était pourtant éminemment populaire, depuis les années 60 et la télé d'un autre temps. Convié à ses «36 Chandelles», Jean Nohain avait découvert Sim alors qu'il «faisait le drôle» au Crazy Horse Saloon, où il «arrivait à hauteur de poitrine des girls».


Comédien, humoriste, fantaisiste, il sera alors un fidèle des «variétés», les shows de Guy Lux et des Carpentier, où il a fait bien des clowneries et des pitreries. A la radio, il était l'ancêtre, le vétéran des «Grosses Têtes» de RTL (qui lui consacre une émission spéciale aujourd'hui, de 16 à 18H), depuis sa création en 1977. «Philippe Bouvard m'a permis de parler et de montrer aux gens que je n'étais pas qu'un faiseur de grimaces», disait-il.

Sim chantait aussi, et a fait des tubes grâce à des gags : «Où est ma chemise grise ?», en duo avec Patrick Topaloff, sur l'air et avec les ouh-ouh-ouh de la chanson tirée de «Grease» («You're the one that I want»), ou «J'aime pas les rhododendrons», rengaine entrée dans les mémoires qui a découragé des générations d'apprécier cette drôle de fleur à tout jamais.


Avec « Louis la Brocante »

 

C'est pour sa gueule encore qu'il était demandé au cinéma, des dizaines de petits rôles, dont le dernier fut Agecanonix, le pépé du village gaulois dans «Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques». Sim aura d'ailleurs atteint un âge presque canonique, 83 ans. S'il a tourné dans bien des nanars, il était fier d'avoir joué pour Fellini dans «La Voce della Luna», où il incarnait un joueur de hautbois qui vivait dans une tombe. «Je crois qu'il m'aimait bien», disait le comédien. Sim avait écrit une pièce, «Une cloche en or», qu'il a joué plus de 500 fois en «clochard à l'ancienne», un roman, «Pour l'humour de dieu», un autre livre publié cette année, «Et la retraite, bordel ?». Aux côtés de Victor Lanoux, il était aussi un personnage de «Louis la Brocante», la série de France 3 (qui diffusera le 24 septembre le dernier épisode qu'il a tourné). Sa gueule, Sim l'aura toujours évoquée par l'autodérision : «L'erreur est humaine, regardez-moi», disait-il.

Patrick TARDIT Est Républicain7/09/09

"J'ai eu ma période de grimaces avec la baronne de la Tronche-en-biais", dira-t-il . "C'était du gros comique qui m'a ouvert les portes des grandes émissions de variétés où je n'ai cessé de raboter, peaufiner, raffiner". Pilier des Grosses têtes de Philippe Bouvard sur RTL dans les années 1970, Sim assure qu'il "n'aime pas les rires gras" et qu'il est "contre les mots orduriers". Personnage comique et populaire, Sim se voulait "un rigolo qui réfléchit" ce qui, soulignait-il, "paraît évidemment baroque".

Publié dans Les artistes

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